Enrique Granados, de son nom complet Pantaleón Enrique Joaquín Granados Campiña, est l’une des figures majeures de la musique romantique espagnole. Pianiste virtuose et compositeur d’une grande sensibilité, il est reconnu pour son profond attachement à la culture espagnole et pour son style raffiné mêlant romantisme et inspiration folklorique.
Granados est né le 27 juillet 1867 à Lérida, en Catalogne. Très jeune, il montre un talent précoce pour la musique et débute sa formation à Barcelone, où il étudie avec Felipe Pedrell, un mentor qui jouera un rôle clé dans son orientation artistique. Pedrell, fervent défenseur de la musique nationale espagnole, encourage son élève à puiser dans les traditions populaires de son pays. Plus tard, Granados poursuit ses études à Paris sous la direction de Charles de Bériot, pianiste influent et élève de Chopin. C’est là qu’il perfectionne son jeu pianistique et développe son style romantique, marqué par une élégance et une expressivité qui deviendront sa signature.
De retour en Espagne, Granados s’installe à Barcelone, où il mène une carrière brillante comme interprète, compositeur et professeur. Il se fait rapidement connaître pour ses compositions, qui mettent en lumière l’âme espagnole tout en s’inscrivant dans la tradition romantique européenne. Parmi ses œuvres les plus célèbres figure le recueil "Goyescas" (1911-1914), inspiré par les peintures de Francisco de Goya. Ce chef-d’œuvre, initialement conçu pour piano, illustre parfaitement son style : une écriture élégante, une harmonie riche et une intensité dramatique. "Goyescas" sera ultérieurement adapté en opéra et couronnera sa carrière.
Granados compose également des œuvres plus accessibles mais non moins évocatrices, telles que les "Danzas españolas" (1890), une série de 12 danses pour piano qui reflètent la diversité des rythmes et des couleurs de l’Espagne. Ses "Cuentos de la juventud" (1900), quant à eux, sont des pièces courtes et charmantes destinées aux jeunes musiciens, témoignant de son attention portée à la pédagogie.
Son style musical, souvent décrit comme un mélange de romantisme tardif et d’inspiration folklorique, s’inscrit dans la lignée de compositeurs comme Chopin et Schumann. Granados sait toutefois imprégner ses œuvres d’une identité profondément espagnole, grâce à des rythmes caractéristiques, des mélodies inspirées du folklore et des harmonies chatoyantes.
Malheureusement, la vie d’Enrique Granados s’achève de façon tragique. En 1916, après une tournée triomphale aux États-Unis où il joue pour le président Woodrow Wilson, il embarque avec son épouse sur le Sussex pour regagner l’Europe. Leur bateau est torpillé par un sous-marin allemand dans la Manche. Granados périt en essayant de sauver sa femme, laissant derrière lui une œuvre inachevée mais profondément marquante.
Aujourd’hui, Enrique Granados est célébré comme l’un des plus grands compositeurs espagnols. Ses œuvres continuent d’être jouées et admirées dans le monde entier, portant l’héritage d’un musicien qui a su capturer la beauté, l’élégance et l’émotion de son époque et de son pays.